Le mois de juin est le mois anniversaire du Cusco ; ça c'est tous les ans. mais cette année, aujourd'hui 7 juillet précisément, c'est le centenaire de la "découverte" de Machu Picchu par Hiram Bingham. Ca je le sais depuis longtemps, mais je ne m'attendais pas à autant de fêtes. J'aurais dû m'en douter, je sais pourtant qu'ici quand il y a un évènement en général ils savent le célébrer. Mais à ce point-là... Quelle surprise.
Un mois de juin hallucinant, époustouflant, tellement riche que je ne sais par où commencer. Et c'est déjà juillet...
Chaque jour sur la place les écoles, collèges et universités ont défilé pour honorer leur ville et nousnous enchanter en nous faisant découvrir toutes les danses de la région. Incroyable! Je me suis remplie de couleurs, de tissus, de musique. C'était déjà suffisant pour moi.
Puis il y eu cette grande découverte: le Seigneur de Qoylluriti. Pas d'emballement, non je ne me suis pas convertie, et je n'ai pas brusquement découvert la foi. Aucun risque de ce côté-là. Mais j'ai accompagné des milliers de personnes dans leur pérégrination annuelle au mont Ausangate (6400 m), dans leur hommage au seigneur de Qoylluriti. A quelques heures au sud de Cusco, tout commence par une marche de plusieurs heuresdansla montagne pour rejoindre la chapelle du Seigneur de Qoylluriti. Mais arrivés en haut, tout ne fait que commencer. Ce sont 3 jours de danse, de musique, de fêtes, de prières... à plus de 4000m d'altitude! Dans un froid glacial, inutile de le préciser. La journée le soleil réchauffe un peu les pieds et les mains, mais les nuits sont terribles. Environ -15 degrés, un vent glacial, et pour s'abriter une tente. Et encore, on avait de la chance d'avoir une tente. La plupart des danseurs dansent toute la nuit et se reposent quelques heures par jour, entre deux baches et une couverture... Le froid le plus piussant de ma vie, impossible de fermer l'oeil, ne plus sentir ses pieds, malgré 3 paires de chaussettes en alpaga, je ne sais combien de couches de pulls, collants, duvet de plumes, etc... Et 24h sur 24, la musique et les danses, heureusement.
Trois jours de dévotion incroyables, sans une seule goutte d'alcool (fait très rare au Pérou dans les situations de fêtes), où tous dansent guidés par leur foi. Puis un groupe de danseurs spécifique, les Pablitos, montent dans la neige au sommet, pour charger des blocs de glace, jusque dans la vallée, et les utiliser comme eau bénite toute l'année. En même temps c'est un grand hommage à l'Apu (esprit de la montagne) Ausangate. Un grand mélange donc entre catholicisme et traditions andines, le syncrétisme péruvien à l'état brut.
Trois jours qui m'ont transportée, vraiment. Dans le temps et l'espace, j'ai eu l'impression de tout quitter. Moi, pas croyante pour un sou, je me suis sentie me connecter très fort à moi-même, à la nature, à l'apu. Un voyage donc intérieur aussi, dans mon amour de ce pays, chaque jour plus fort, et dans mes limites aussi. Quand le froid pénètre trop loin dans les recoins de notre corps.
Et puis le bonheur de vivre cette aventure hors du temps, avec mon ami de Lima, Christian, qui fut mon colocataire, et m'a rejoint sur Cusco le temps des fêtes. En toute confiance donc, de vrais moments de partage. Chaque jour un peu plus péruvienne. Du moins ce que je sens. Je n'arrive plus à me définir comme touriste, je me sens appartenir au mouvement de ce pays. Arriverai-je un jour à le quitter, ce pays? Est-ce que je pose vraiment la question, je ne sais pas. Je ne sais pas ce que j'ai avec le Pérou et les Andes en particulier, mais de toute évidence j'ai quelque chose à y faire.
Et ça se confirme puisque je viens d'apprendre une très bonne nouvelle. L'ONG Apoyo Urbano avec qui je suis en contact depouis plusieurs mois (je devais travailler avec eux dans le nord du Pérou puis c'est tombé à l'eau, puis dans le sud, pareil) me confie finalement un poste d'architecte sur Cusco, pour une mission de six mois. Le bonhuer donc, je vais pouvoir m'installer vraiment sur Cusco, comme j'en rêvais, en tant qu'architecte volontaire, pour un projet dont je parlerais mieux d'ici quelques temps, mais qui m'a l'air vraiment intéressant.
Les choses sont fluides, coulent, et je me laisse aller dedans. Tout parait si facile.
Je suis en ce moment pour 2 semaines à OllantayTambo, un petit village de la vallée sacrée des Incas, magnifique, où une amie tient un hotel et avait besoin d'un petit coup de main. Alors réception, ménage, peinture, tout ce que je peux faire, je le fais, et c'est un bonheur d'être là, hébergée dans un des endroits les plus beaux que je connaisse, gare de train du Machu Picchu.
Défilé des écoles primaires et collèges de Cusco
Défilé de l'école des Beaux Arts et ses allégories
Début du pélerinage de Qoylluriti. Certains à pied, d'autres à cheval, d'autres costumés, d'autres chargés de ce qu'ils vont cuisiner... pour notre plus grand plaisir!
Et chaque kilomètre, un calvaire, ou les groupes s'arrêtent pour chanter, et déposer une pierre, chargée depuis la vallée, pour expier ses pêchés. En tout, 8 kilomètre de montée.
Et au Pérou qui dit rassemblement dit nourriture
Arrivée au sommet, enfin
Ville éphémère, Qoylluriti s'anime une fois par an durant 5 jours et se rendort jusqu'à l'année suivante. En théorie, le pélerinage doit être fait 3 années d'affilée si l'on veut que nos voeux soient exauscés.
Dans cette ville éphémère, tout un monde se crée, en particulier une sorte de monopoly géant. De la fausse monnaie est éditée, que les gens achètent (soles ou dollars) pour ensuite s'acheter ce qu'ils se souhaitent dans la vie, maison, voiture, diplomes... Personnellement je me suis acheté un passeport péruvien. Ha ha, il ne me reste plus qu'à faire le pélerinage 3 fois d'affilée...
A bon entendeur...
Sorte de mur des lamentations, les gens brulent des papiers avec des voeux, et dessinent en cire ce qu'ils ont souhaité.
Ici, maison et voiture
Notre "restau" !
La chambre froide!
24h/24 les danses dédiées au seigneur de Qoylluriti, les prières, les messes...
Lever de soleil sur la "ville". Enfin quelques rayons qui réchauffent après les souffrances de la nuit. Sentir ses pieds de nouveau, par exemple...
Quand les poubelles réchauffent
Messe au grand air, pour des milliers de personnes, dite à moitié en quechua, et surtout très imprégnée des traditions andines, en particulier de nombreuses références aux apus (esprit des montagnes).
Et pour manger de l'alpaga, ben il faut le tuer et le dépecer. Moi je lui tiendrai les pattes encore chaudes, pendant que ces messieurs tirent délicatement la peau, qui s'en va toute seule. Moment fort.
Un groupe de jeunes danseurs se passionne pour mon carnet de voyage, et me demande de les dessiner.
Les toilettes, 2 morceaux de bache, et 4 batons, et surtout un froid de canard qui fait que tu y vas que quand tu en peux vraiment plus.
Cusco de nouveau, pour Inti Raymi, la fête du soleil, au moment du solstice d'hiver.
Corpus Christi (fête à l'origine inca, devenue catholique), où tous le saints de toutes les églises de Cusco viennent visiter la cathédrale. A l'origine, c'était la fête inca où on sortait les morts qui venaient faire le tour de la place du centre de l'empire. Les espagnols l'ont transformée en arrivant. Les saints restent une semaine dans la cathédrale avant de retourner dans leurs églises respectives, après Inti Raymi.
Show d'Inti Raymi. Je m'y attenadis, alors je n'ai pas été décue. C'est un show très américaine, entre Disneyland et Hollywood. Des milliers de figurants, des costumes en synthétique, et des dialogues en quechua.
J'ai vu l'Inca...
Le petit aussi!
Viron dans un village aux alentours de Cusco, réputé pour être "el pueblo de las brujas" (littéralement le villñage des sorcières), des gu´ñerisseurs et chamanes à tous els coins de rue. Athmosphère mystique, pour de bon. Je me fais lire la chance dans les feuilles de coca, par la passionnante et la surprenante Hilaria, qui n'a pas de pancarte (contrairement à tous les autres) mais une queue de 2 heures si on veut la rencontrer.
Après avoir mangé, bien sûr...
Sieste dans l'herbe, à Sacsayhuaman, hauteurs de Cusco, un dimanche ensoleillé, musique, jus de fruits de la passion, une certraine idée du bonheur...
1. lataraillettealn le 08-07-2011 à 08:49:52
Bravo pour l'aventure contée et imagée. C'est intéressant de voir un autre pays de l'intérieur par ton regard. Continues !
édité le 08-07-2011 à 09:14:37
2. luldechave le 11-07-2011 à 23:54:12
Quelle(s) aventure(s) ! Te reconnaîtra-t-on quand on te retrouvera ? Déjà sur le chemin de Kollyrriti je te vois portant une bannière de procession ! Ou est-ce un effet d'optique ? Et tu ne dis pas ce que la liseuse de bonne aventure a vu pour toi. Secret défense ? Quand est-ce que tu te fais naturaliser péruvienne ?...
3. lôdemougins le 14-07-2011 à 09:05:01
Je m'étonne et partage l'avis de luldechave que je ne connais pas...La terre s'imprime sur ton expression...Il semble que ton sang se mâtine avec le soleil, la poussière, l'air et les chants de ce pays, pour parvenir à ce reflet "d'une certaine idée du bonheur". Quant à tes carnets de voyage, j'ai aimé percevoir leur force d'attraction sur les personnes (moi y compris). Je t'embrasse fort. Laurence
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