Saroulette roule sa bosse...

Ne me demandez pas ce que Baudelaire vient faire là, je ne sais pas. Je sais juste que ce poème m'a trotté dans la tête plusieurs jours et m'a inspiré ce dessin, qui m'en a libérée, je crois.

(...)

L’opium agrandit ce qui n'a pas de bornes,
Allonge l’illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l’âme au delà de sa capacité.

Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers...
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers.

(...)

Un mois et demi à Lima, deux mois et demi au Pérou, et quasi cinq mois en tout, depuis Quito... Le temps passe vite.

Et puis surtout, il s'en passent des choses... Je n'en reveins pas d'avoir une routine à Lima. Mon appart, mes amis, mon boulot (serveuse dans un restaurant de cuisine "fusion"), mon bus, mes habitudes, mes commerçants... Un quotidien à Lima !

Le bonheur de s'habituer à un lieu, de lui appartenir peu à peu, et la facillité et la fluidité avec lesquelles cela s'est fait. Surprenant...  

Et bizarrement, pas vraiment de doutes. Les choses se font et je me laisse porter par les rencontres, les coups de coeur, le quotidien. Bien-sûr parfois l'envie d'enfourcher mon sac-à-dos et de reprendre la route, mais en même ce sentiment de tranquilité et de sérénité que j'éprouve ici. Oui, il me reste beaucoup de pays à voir et le temps file. Mais non, je ne fais pas une course aux tampons pour remplir mon passeport. Je me rends compte à quel point c'est bon de pouvoir suivre ce que je ressens, arriver peu à peu à savoir ce que je veux et le respecter. Le Chili ne bougera pas, l'Argentine m'attendra. Pour l'instant, je vis, et c'est à Lima.

Et puis un autre projet en perspective, qui se dessine doucement. L'envie depuis la ferme d'Equateur de re-travailler comme volontaire. Il se pourrat bien que cela se concrétise ici, au Pérou, en tant qu'architecte volontaire dans une association franco-péruvienne, Apoyo Urbano. Donc je suis aussi dans l'attente et la préparation de ce projet, qui déclenchera mon départ de Lima. 

Ca me fait toujours sourire de m'apercevoir dans les rétroviseurs des bus, habitante de Lima parmi 9 millions... 

Lima, ville désertique longeant la mer 

Tête de hibou pré-colombienne... Brancusi connaissait-il ?

Rencontre merveilleuse avec un groupe de mimes, qui deviennent vite mes amis, et moi une fidèle admiratrice, chaque week-end spectatrice de leur spectacle de rue, dans le centre de Lima. 

C'est la troisième fois que je viens à Lima, mais c'est comme si je l'arpentais pour la première fois. La découvrir avec un ami limeño (habitant de Lima) change tout, c'est vrai. Et surtout avec quelqu'un qui l'aime, et me la montre dans toute son originalité. Son architecture coloniale, ses musées, ses expos, et ses habtitants. Accueillants et chaleureux, qui me font sentir chaque jour un peu plus, dans mes rencontres passionnantes et toujours chanceuses, que ce pays m'aime.

Un sentiment bien étrange...   

Une chaleur massacrante et étouffante, qui fait du bien après la pluie de la sierra et le froid de Huaraz. Et quel bonheur et quelle chance, ce cadeau de coucher de soleil sur l'océan, quand le soleil est la plupart du temps caché derrière les nuages côtiers.  

Je voyais Lima comme une capitale internationale. Elle l'est. Mais elle est bien plus que ça. Elle est une capitale péruvienne, car Lima est véritablement péruvienne, chose qui m'avait échappé jusque là.

Capitale, elle est dynamique, hyperactive et animée ; péruvienne, elle guarde ce charme fou et l'ambiance péruvienne que j'aime tant. 

Ce qui me passionne le plus dans ce voyage : les jupes et les chapeaux...! Et quoi de mieux qu'un dessin pour synthetiser tous les chapeaux qui se baladent dans ma tête...  

Petite ruine Huari, 700 ap JC, toute en pierres (dont plancher et toiture), qui servait de sépulture aux familles imortantes.

Et cette lumière andine, 3200 m d'altitude, dont je ne me lasse pas... 

Huaraz avec ses cafés si chaleureux, qui accueillent les rêves fous d'alpinistes du monde entier, qui y projettent d'aventureuses expéditions, et moi me régalant d'une bonne vieille crêpe française, au chocolat bien sûr!

Puis Caraz, petite ville andine, et la chance de tomber sur la fête annuelle de la sainte protectrie de Caraz. Musique, danse, couleurs ! 

Et oui, elle passe la mamita !

Prochain épisode : Lima, mon coup de coeur surprise...

En amoureuse des Andes, je ne pouvais pas manquer la cordillère blanche, la chaîne de montagne la plus haute après l'Himalaya, plus de vingt sommets de plus de 6000 m sur un tout petit périmètre. Alors c'est à Huaraz, LA ville de la cordillère que nous établissons notre QG, pour une semaine au milieu des montagnes enneigées, des lagunes, et du froid glacial.

Une semaine de randonnées, d'exploration,... et de riz blanc comme unique nourriture. Aaaah, quand l'estomac ne suit plus, la vie devient bien triste... La moitié du temps au lit, douleurs d'estomac, je me souviendrai de Huaraz.

Heureusement, mon ventre m'offre une journée de répit pour visiter Chavin de Huántar, ruines d'une des cultures les plus anciennes du Pérou, datant de 1000 avant JC, et renfermant des sculptures incroyables. Encore une fois, le Pérou me surprend et me fascine, encore une découverte pleine d'émotion et de mystère, chaque jour de nouvelles réponses, mais aussi de nouvelles questions...

Entrée du temple de Chavin, avec ses piliers sculptés (impossibles à photographier) et son escalier noir et blanc monumental. 

A l'intérieur, des dizaines de coquillages géants scultpés et utilisés comme instruments de musiques ont été découverts, en plus de tous les bas-reliefs et autres obélisques... 

Ici, surprise de taille puisque je découvre la chacana (croix andine tatouée sur mon annulaire connue comme un symbole Inca, donc du XVème siècle environ) sculptée sur cette obélisque datant de 1000 av JC. En effet la culture de Chavin est connue pour son infuence culturelle et artistique considérable sur de nombreux autres peuples du Pérou, dont les Incas apparemment. Une vraie découverte pour moi.

Et puis la maladie m'offre une autre journée pour grimper jusqu'à la lagune 69, à 4800 m d'altitide... une marche incroyable au coeur de la cordillère, sans croiser personne d'autre que des vaches et des aigles.

Un ciel gris, qui vire au noir, des sommets blancs qui éblouissent, et une eau d'un bleu d'une profondeur irréelle. épuisées masi comblées par l'incroyable beauté de la nature. 

C'est à Huaraz que nous nous disons au revoir, avec Julia, mon allemande d'accolyte. Nos chemins se séparent, après quasiment deux mois d'aventures incroyables, elle retourne vers le nord et l'Equateur, et je continue mon chemin vers le sud, vers Lima... Reprendre ma route en solitaire, difficile mais nécessaire...